L'assainissement des eaux usées est une préoccupation majeure pour tout propriétaire de maison, particulièrement en zone rurale ou périurbaine. Si votre habitation n'est pas raccordée au réseau d'égouts public, l'installation d'un système d'assainissement non collectif (ANC) devient une nécessité. Mais au-delà de cette obligation, ce type d'installation présente de nombreux avantages tant économiques qu'écologiques. Dans cet article, nous explorerons les multiples raisons qui peuvent vous convaincre d'opter pour un assainissement individuel et comment choisir la solution la plus adaptée à votre situation.
Nous sommes accompagnés dans cet article par l'entreprise Générale d'assainissement qui a d'ailleurs publié un article très complet sur le sujet évoqué. Nous vous invitons à le consulter si vous souhaitez aller plus loin : Taille et pente de la parcelle ou du jardin : mieux vaut-il une micro station ou une fosse toutes eaux ?
Points essentiels | Détails à retenir |
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♻️Principe de fonctionnement | Système en deux étapes principales : prétraitement en fosse toutes eaux puis filtration naturelle avant rejet dans le milieu |
💰Avantages économiques | Coût initial entre 5 000 et 15 000€ mais économies à long terme (pas de redevance collectif, valorisation possible des eaux traitées, aides financières) |
🌱Impact environnemental | Traitement local réduisant les risques de fuites, recharge des nappes phréatiques, empreinte carbone réduite, systèmes écologiques favorisant la biodiversité |
🔄Types de systèmes | Multiples options selon les besoins : fosse avec épandage, filtres à sable, tertres, filtres compacts, micro-stations, filtres plantés, toilettes sèches |
⚖️Obligations légales | Contrôles par le SPANC avant installation, pendant travaux et périodiquement (4-10 ans), diagnostic obligatoire lors d'une vente immobilière |
🧪Critères de choix | Étude de sol préalable analysant perméabilité, profondeur nappe phréatique, pente du terrain, surface disponible et mode de vie des occupants |
🔧Installation et mise en service | Intervention de professionnels qualifiés recommandée, respect des distances réglementaires et contrôle du SPANC avant remblaiement |
🧹Entretien et durabilité | Vidange périodique (tous les 3-4 ans), surveillance régulière, possible contrat d'entretien, précautions d'usage (produits biodégradables, pas de plantation proche) |
L'assainissement non collectif, également appelé assainissement autonome ou individuel, désigne tout système d'épuration des eaux usées qui n'est pas raccordé au réseau public d'assainissement. Ce dispositif permet de traiter les eaux usées domestiques directement sur votre propriété, avant de les rejeter dans le milieu naturel une fois purifiées.
Le principe de fonctionnement repose généralement sur deux étapes essentielles. D'abord, le prétraitement des eaux usées qui s'effectue dans une fosse septique ou une fosse toutes eaux. Cette phase permet de séparer les matières solides des liquides et d'amorcer la dégradation des matières organiques grâce à des bactéries. Ensuite, le traitement proprement dit qui peut prendre différentes formes selon le système choisi, mais qui consiste à filtrer naturellement les eaux prétraitées à travers un milieu (sable, gravier, végétaux, etc.) afin d'éliminer les polluants restants.
L'objectif final est de restituer au milieu naturel une eau suffisamment épurée pour ne pas présenter de risque sanitaire ou environnemental. Cette approche décentralisée du traitement des eaux usées présente de nombreux avantages, notamment dans les zones où le raccordement au tout-à-l'égout est techniquement difficile ou économiquement non viable.
Voyons maintenant pourquoi l'aspect financier peut être un argument de poids en faveur de l'assainissement individuel.
Sur le plan économique, l'installation d'un système d'assainissement non collectif peut représenter un investissement judicieux à long terme. Bien que le coût initial puisse sembler conséquent (entre 5 000 et 15 000 euros selon le type de système et la configuration du terrain), il faut le mettre en perspective avec les économies substantielles réalisées par la suite.
Contrairement aux habitations raccordées au réseau public, vous ne paierez pas la redevance d'assainissement collectif sur votre facture d'eau, ce qui représente une économie annuelle non négligeable. Vous serez seulement soumis à une redevance pour le contrôle périodique de votre installation, généralement bien moins élevée.
Par ailleurs, certains systèmes d'assainissement autonomes peuvent vous permettre de valoriser vos eaux traitées, par exemple pour l'arrosage de votre jardin (à l'exception des potagers), ce qui peut réduire votre consommation d'eau potable et donc votre facture.
Des aides financières existent également pour alléger le coût d'installation ou de rénovation d'un système d'assainissement non collectif : subventions de l'Agence de l'eau, prêts à taux zéro, aides des collectivités locales ou encore crédit d'impôt dans certains cas. Ces dispositifs peuvent rendre l'investissement initial beaucoup plus abordable.
Au-delà des considérations économiques, l'assainissement individuel présente aussi des avantages environnementaux significatifs.
Contrairement aux idées reçues, un système d'assainissement non collectif moderne et bien entretenu peut avoir un impact environnemental très favorable. Ces installations permettent de traiter les eaux usées au plus près de leur lieu de production, évitant ainsi les longs trajets dans des canalisations et réduisant les risques de fuites ou de pollutions accidentelles.
Les systèmes d'assainissement autonomes contribuent également à la recharge des nappes phréatiques locales, puisque l'eau traitée est restituée directement dans le sol de votre propriété. Ce cycle court de l'eau participe à la préservation des ressources hydriques locales, un enjeu de plus en plus important face aux périodes de sécheresse qui se multiplient.
Certains systèmes écologiques, comme les filtres plantés ou les micro-stations à culture fixée, utilisent des processus naturels pour épurer l'eau et favorisent la biodiversité dans votre jardin. Ces solutions peuvent même devenir un élément paysager intéressant qui s'intègre harmonieusement à votre espace extérieur.
L'empreinte carbone d'un assainissement non collectif est généralement inférieure à celle d'un système collectif, notamment parce qu'il ne nécessite pas de pompes puissantes pour transporter les eaux usées sur de longues distances ni de stations d'épuration énergivores.
Maintenant que nous avons vu les avantages économiques et environnementaux, examinons les différents types de systèmes disponibles pour faire le choix le plus adapté à votre situation.
Il existe aujourd'hui une grande variété de solutions d'assainissement non collectif, chacune présentant des caractéristiques spécifiques. Voici les principales options qui s'offrent à vous :
La fosse septique avec épandage souterrain : système traditionnel qui utilise le sol en place comme milieu filtrant après prétraitement en fosse. Solution économique mais qui nécessite un terrain suffisamment grand et perméable.
Le filtre à sable : alternative à l'épandage lorsque le sol n'est pas assez perméable. Un massif de sable remplace le sol naturel pour assurer la filtration biologique des eaux. Peut être drainé ou non selon la configuration du terrain.
Le tertre d'infiltration : variante surélevée du filtre à sable, adaptée aux terrains avec une nappe phréatique proche de la surface ou sujets aux inondations.
Les filtres compacts : systèmes préfabriqués utilisant divers matériaux filtrants (laine de roche, coco, zéolithe...) qui permettent de réduire l'emprise au sol de l'installation tout en maintenant une performance épuratoire élevée.
Les micro-stations d'épuration : solutions compactes qui reproduisent le principe des stations d'épuration collectives à l'échelle individuelle, avec un traitement biologique intensif nécessitant une faible consommation électrique.
Les filtres plantés de roseaux : systèmes écologiques qui utilisent les plantes et les micro-organismes pour épurer l'eau, créant un écosystème fonctionnel dans votre jardin et offrant un aspect paysager intéressant.
Les toilettes sèches : solution alternative qui peut compléter un système d'assainissement réduit traitant uniquement les eaux grises (douches, lavabos, lave-linge).
Le choix entre ces différentes solutions dépendra de nombreux facteurs : la nature de votre sol, la surface disponible, la topographie de votre terrain, vos contraintes budgétaires et vos préférences personnelles en matière d'écologie.
Avant de faire votre choix, il est important de connaître le cadre légal qui régit ces installations.
L'installation d'un assainissement non collectif est encadrée par une réglementation stricte que vous devez respecter. La loi sur l'eau et les milieux aquatiques confie aux communes la responsabilité du contrôle des installations via le Service Public d'Assainissement Non Collectif (SPANC), qui joue un rôle d'accompagnement et de surveillance tout au long de la vie de votre installation.
Avant toute installation ou réhabilitation, vous devez soumettre votre projet au SPANC qui vérifiera sa conformité avec la réglementation en vigueur. Un contrôle de bonne exécution sera ensuite réalisé pendant les travaux, avant remblaiement, pour s'assurer que l'installation respecte le projet validé.
Une fois l'installation en service, des contrôles périodiques sont obligatoires (tous les 4 à 10 ans selon les communes) pour vérifier son bon fonctionnement et son entretien. En cas de non-conformité, vous disposez généralement d'un délai pour réaliser les travaux nécessaires, qui peut varier de 1 à 4 ans selon le niveau de risque sanitaire ou environnemental.
Lors de la vente de votre propriété, un diagnostic de l'assainissement non collectif de moins de 3 ans doit être fourni à l'acheteur. Si l'installation est non conforme, l'acquéreur aura l'obligation de réaliser les travaux de mise en conformité dans un délai d'un an après l'achat.
Toutes ces contraintes réglementaires visent à garantir l'efficacité de votre système et à protéger la santé publique ainsi que l'environnement.
Maintenant que vous connaissez le cadre légal, voyons comment choisir le système le plus adapté à votre terrain.
Le choix du système d'assainissement non collectif doit prendre en compte les spécificités de votre terrain. Une étude de sol préalable, réalisée par un bureau d'études spécialisé, est fortement recommandée et souvent obligatoire. Cette étude analysera plusieurs paramètres déterminants :
La perméabilité du sol est un facteur clé. Si votre terrain est suffisamment perméable, un système d'épandage traditionnel peut convenir. En revanche, un sol argileux ou trop rocailleux nécessitera des solutions alternatives comme un filtre à sable ou un système compact.
La profondeur de la nappe phréatique doit également être prise en compte. Une nappe proche de la surface (moins de 1m50) orientera votre choix vers des systèmes adaptés comme un tertre d'infiltration ou une solution hors-sol.
La pente du terrain influence aussi le choix du système. Un terrain plat facilitera l'installation de la plupart des solutions, tandis qu'un terrain en pente pourra nécessiter des aménagements particuliers ou l'installation de postes de relevage.
La surface disponible est un critère déterminant. Si vous disposez d'un grand jardin, vous aurez l'embarras du choix. En revanche, si votre espace est limité, vous devrez vous tourner vers des solutions compactes comme les filtres préfabriqués ou les micro-stations.
Votre mode de vie et votre consommation d'eau influencent également le dimensionnement de votre installation. Le nombre d'occupants permanents du logement sera pris en compte pour déterminer la capacité nécessaire de traitement, généralement exprimée en équivalent-habitants (EH).
N'hésitez pas à solliciter plusieurs devis et à demander conseil au SPANC de votre commune qui pourra vous orienter vers les solutions les mieux adaptées à votre contexte local.
Une fois votre choix arrêté, place à l'installation proprement dite.
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L'installation d'un système d'assainissement non collectif est une opération qui nécessite un savoir-faire technique. Bien que certains bricoleurs avertis puissent envisager de réaliser une partie des travaux eux-mêmes, il est généralement conseillé de faire appel à un professionnel qualifié qui garantira la conformité de l'installation avec la réglementation.
Les travaux commencent généralement par le terrassement pour créer les fouilles nécessaires à l'installation de la fosse et du système de traitement. Cette étape requiert des engins adaptés et une bonne connaissance des contraintes techniques (pentes à respecter, distances réglementaires, etc.).
La mise en place de la fosse toutes eaux constitue une étape délicate. Son positionnement doit respecter certaines distances minimales par rapport aux habitations (5m), aux arbres (3m) et aux limites de propriété. Son implantation doit aussi prendre en compte l'accessibilité pour les opérations de vidange futures.
L'installation du système de traitement proprement dit (épandage, filtre à sable, filtre compact...) doit respecter scrupuleusement les règles de l'art et les préconisations du fabricant pour garantir son efficacité.
Après la pose des différents éléments, les raccordements hydrauliques entre la maison, la fosse et le système de traitement doivent être réalisés avec soin pour assurer l'étanchéité du système et le respect des pentes nécessaires à l'écoulement gravitaire des effluents.
Avant le remblaiement, n'oubliez pas de contacter le SPANC pour le contrôle de bonne exécution. Ce contrôle, bien qu'il puisse sembler contraignant, est en réalité une garantie de la qualité de votre installation.
Une fois l'installation terminée et validée, la mise en service se fait progressivement. La fosse toutes eaux se remplit d'abord d'eau claire pour amorcer son fonctionnement, puis les bactéries se développent naturellement avec l'arrivée des premières eaux usées. Certains systèmes, comme les micro-stations, peuvent nécessiter un ensemencement bactérien spécifique lors de la mise en route.
Un système bien installé est la première étape vers un assainissement efficace, mais l'entretien régulier reste indispensable pour garantir sa pérennité.
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L'entretien régulier de votre système d'assainissement non collectif est essentiel pour assurer son bon fonctionnement et sa longévité. Un système bien entretenu peut fonctionner efficacement pendant plusieurs décennies, tandis qu'une négligence peut conduire à des dysfonctionnements prématurés et coûteux.
La vidange de la fosse toutes eaux doit être réalisée périodiquement par un vidangeur agréé lorsque le volume de boues atteint 50% du volume utile de la fosse. En pratique, cela correspond généralement à une fréquence de 3 à 4 ans pour une utilisation normale. Ce professionnel vous remettra un bordereau de suivi des matières de vidange, document à conserver précieusement pour justifier de l'entretien lors des contrôles du SPANC.
Au-delà de la vidange, une surveillance régulière de votre installation est recommandée. Vérifiez notamment l'absence de mauvaises odeurs, d'écoulements anormaux ou de stagnation d'eau qui pourraient indiquer un dysfonctionnement. Les regards de visite doivent être facilement accessibles pour permettre ces vérifications.
Pour les systèmes plus complexes comme les micro-stations ou certains filtres compacts, un contrat d'entretien avec le fabricant ou un professionnel qualifié peut être nécessaire, voire obligatoire pour maintenir la garantie. Ces contrats incluent généralement des visites annuelles de contrôle et la maintenance préventive des éléments mécaniques ou électriques.
Quelques précautions d'usage contribueront également à préserver votre installation :
Avec un entretien approprié, votre système d'assainissement non collectif remplira efficacement son rôle pendant de nombreuses années, vous offrant une solution autonome et respectueuse de l'environnement pour le traitement de vos eaux usées.
L'installation d'un assainissement non collectif dans votre jardin représente un choix judicieux à plusieurs égards. Au-delà de la simple obligation réglementaire pour les habitations non raccordables au réseau public, ce type d'installation offre de réels avantages tant économiques qu'environnementaux.
La diversité des systèmes disponibles aujourd'hui permet de trouver une solution adaptée à chaque configuration de terrain et à chaque budget. Des solutions traditionnelles comme l'épandage aux systèmes plus innovants comme les filtres compacts ou les filtres plantés, vous avez l'embarras du choix pour traiter vos eaux usées efficacement tout en respectant l'environnement.
Bien que l'investissement initial puisse sembler important, les économies réalisées sur le long terme et les différentes aides financières disponibles rendent ce choix financièrement intéressant. La valorisation de votre bien immobilier grâce à une installation aux normes et performante constitue également un argument non négligeable.
N'oubliez pas que le succès de votre projet d'assainissement autonome repose sur trois piliers essentiels : une étude préalable sérieuse, une installation conforme aux règles de l'art et un entretien régulier. En respectant ces principes, vous disposerez d'un système efficace qui préservera votre cadre de vie et l'environnement pour de nombreuses années.
Alors, êtes-vous prêt à franchir le pas vers l'autonomie en matière d'assainissement ?
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